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Lost in Management
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29 octobre 2007

Grenelle de l'environnement: un bon départ, pas encore un succès

Le Grenelle de l’environnement est de manière évidente un bon coup médiatique. Encore une fois le Dircom de l’Elysée a encore frappé. Et comme toujours, efficace. Mais au-delà de l’aspect médiatique de ce Grenelle et de la liste des recommandations, que retenir ?

D’abord, c’est un succès personnel pour Jean-Louis Borloo. Ce n’est pas un technicien de l’environnement et il le reconnaissait lui-même avant d’accepter ce poste et cette « vice-présidence » façon Sarkozy. Mais Borloo a fait pour l’environnement ce qu’il avait déjà fait, à plus petite échelle, sur les services à la personne. Mobiliser les gens, surtout ceux qui ne se parlent jamais. Créer un processus progressif de convergence par le dialogue et l’échange. Sur beaucoup de points, le Grenelle de l’environnement n’est que la poursuite et l’approfondissement de ce mécanisme. Bien peu d’observateurs l’ont noté.

Ensuite, c’est le retour du marché dans l’écologie. C’est là où l’on voit que éco-nomie et éco-logie ont les mêmes racines et parlent (ou devraient parler) le même langage.

Green is business. C’est peut-être la plus grande avancée de ce Grenelle. L’écologie est aussi une économie. La prise de conscience a été lente, trop lente. Mais elle est là : les enjeux économiques sont essentiels. La hausse du prix du pétrole nous rappelle tous les jours, non seulement que la question écologique n’est pas qu’une question morale (le souci des générations futures) mais aussi et surtout un enjeu économique. Le cours du pétrole à 100$ sera en cela bien plus efficace sur l’ensemble des acteurs économiques que nombre de rapports, qu’ils soient alarmistes ou non.

Business is green. C’est l’autre enjeu. Le green doit devenir un critère de choix, pour les consommateurs (que nous sommes tous !), pour l’entreprise et ses actionnaires, pour l’état, les associations. Bref pour tous les stakeholders de notre bonne vieille terre.

Le Grenelle de l’environnement comporte donc des avancées claires. Cela va dans le bon sens mais il n’est pas encore un succès. Pour au moins deux raisons. D’abord, comme le font remarquer nombre d’acteurs, et pas seulement les ONG, le Grenelle doit passer d’un être en puissance à un être en acte [1] comme la plante est la graine en acte. En clair, le Grenelle de l’environnement doit devenir réalité avec des nouvelles lois ou règlementations, des nouveaux standards, etc. Ensuite, et c’est le point crucial, le Grenelle sera un succès s’il se traduit dans les comportements. C’est à tous les niveaux que le « green business »  ou le « business green » doit s’immiscer dans nos actions quotidiennes et dans nos esprits. On parle de changement de comportement. Mais il faut changer jusqu’à nos désirs, et c’est le plus dur. Un bon exemple est donné par l’interview de Alain Dupont, PDG de l’entreprise Colas, spécialiste de la construction de routes (cf. la Tribune du 29 octobre 2007). Il déclare (et c’est justement repris en titre): « on ne supprimera ni la voiture, ni le désir[2] de se déplacer ».

C’est la même chose pour les emballages : les consommateurs sont sensibles à des petits emballages, sympa et individualisés (cf. les mini bouteilles Actimel). C’est anti- écologique, mais pas anti-économique… If green is business, business is not yet green…


[1] Concepts aristotéliciens de l’acte et de la puissance. Cf. la citation d'Aristote. "L'acte est donc le fait pour une chose d'exister en réalité et non de la façon dont nous disons qu'elle existe en puissance, quand  nous disons, par exemple, qu'Hermès est en puissance dans le bois ... eh bien, l'autre façon d'exister est l'existence en acte." Aristote, Métaphysique, IV, 6, 1048 a.

[2] C’est moi qui souligne

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