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Lost in Management
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20 avril 2022

Enjeux oubliés du 2nd tour de l'élection présidentielle 2022

Ces thématiques n’ont ni fait le buzz médiatique, ni enflammé les meetings. Mais elles font partie des enjeux oubliés de l’élection présidentielle. Quel que soit le vainqueur dimanche 24 avril à 20h, le président réélu (ou la présidente élue ?) devra s’y atteler, en plus de la géopolitique, du chômage, de la santé ou du changement climatique !

Pour faire court, j’en ai sélectionné 4.

 1/ EDUCATION

Les classements internationaux PISA sont sûrement réducteurs, mais les résultats sont sans appel. En 2000, la France était 15e sur 41 en lecture et 11e sur 41 en Mathématiques. En 2018, la France est 23e sur 82 en lecture et 25e sur 82 en Mathématiques. Par ailleurs, selon le CNESCO (Centre national d’étude des systèmes scolaires, qui dépend du CNAM), "40,5 % des élèves de 15 ans ne maîtrisent pas la lecture". Jean-Marc Vittori le résumait en 2014 (déjà !) dans un éditorial des Echos : « en France, l'école, premier boulet de l’économie française, est une machine à écrémer de petites élites. » https://www.lesechos.fr/2014/09/lecole-premier-boulet-de-leconomie-francaise-290740 Sans école efficace, pas d’économie prospère (cf. les déséquilibres entre les offres d’emploi et les demandes d’emploi). Une école inefficiente crée une citoyenneté sans repères.

… Mais ce sont des politiques qui exigent le temps long : minimum 10-15 ans, bien au-delà d’un mandat électoral !

2/ LOGEMENT

Le logement, c’est ce qui « plombe » le plus le pouvoir d’achat des ménages ! Et, pourtant on compte 10% de logements vacants. Paradoxe : non, c’est simplement que le logement est inégalement réparti sur le territoire : il y en a beaucoup, là où la demande est faible, et là où il faudrait construire, le foncier est rare et cher. En améliorant la situation du logement en France, on réglerait en grande partie le pouvoir d’achat et, indirectement, on lutterait contre les inégalités de patrimoine (qui viennent pour l’essentiel du logement) !

… Mais le sujet est technique, plutôt complexe, et certains candidats ne s’y sentent pas à l’aise et préfèrent les « petites phrases »…

3/ ENDETTEMENT

Avec « l’argent magique », on n’en parle plus. Pourtant les taux d’intérêt remontent, doucement mais inexorablement. Or, 1 point en plus c’est, à terme, un surcoût de 10 milliards d’euros…  

Qui dit créance, dit confiance… car 50% de la dette française a été contractée auprès de créanciers étrangers. Le cas de la France n’est donc pas comparable au Japon (très endetté aussi mais auprès de ses propres citoyens). Par ailleurs, au-delà du niveau d’endettement (qui est relatif cf. Dette publique de la France — Wikipédia (wikipedia.org)), il s’agit de savoir pourquoi on s’endette. En gros, s’assurer qu’on s’endette pour l’avenir (technologies de demain, rénovation des bâtiments, transition énergétique, etc.) et non pour payer les factures d’aujourd’hui ! Avec des taux d’intérêt réels qui vont rester durablement négatif, s’endetter n’est pas grave si on peut (1) rembourser (confiance) et (2) identifier des bons projets (avenir) !

… Mais, certaines politiques préfèrent se focaliser exclusivement sur le « pouvoir d’achat » (court terme) plutôt que d’investissements d’avenir (long terme) !

4/ DEMOCRATIE

A supposer que Macron soit réélu (à ce stade, hypothèse la plus réaliste), que fait-on des 45% de français qui auront voté en faveur de Le Pen ? Ils sont le plus souvent ni fascistes ni d’extrême-droite. Mais il faut les écouter et répondre à leurs angoisses. Déjà, remettre les 3 enjeux précédents en priorité permettra en partie de répondre à leurs angoisses. Il faudra aussi trouver une autre « façon de faire » de la politique. Les 2 candidats d’ailleurs l’ont bien senti : pour Le Pen, cela passe par un recours à des procédés de « démocraties directes » (notamment référendum ou référendum d’initiative citoyenne). Pour Macron, c’est l’association plus régulière des citoyens à la délibération : on a eu la « convention citoyenne sur le climat, on aura des « conférences des parties » pour la refonte de l’école ou de la santé. On a ici une opposition assez classique entre « démocratie participative » et « démocratie délibérative » (même si chez Le Pen, sa « démocratie participative » ressemble fort à une « démocratie plébiscitaire » 😊). Il faudra de toute façon établir un « dialogue continu » entre gouvernés et gouvernants, qui aille bien au-delà du simple tempo électoral, élections intermédiaires comprises. La revalorisation du parlement (toujours avancée, jamais réalisée) ou l’instauration d’une dose de proportionnalité devaient également contribuer à renouer ce dialogue.

… mais dans une France facturée, abimée, « archipellisée » (Jérôme Fourquet), politiquement divisée en 3 blocs assez irréductibles, cela ne sera facile !

Restez vigilants : peut-être ces thématiques vont-elles ressortir dans les jours à venir. On peut espérer. En tout cas, relisez les programmes et comparez ! C’est très éclairant !

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